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Financer les acteurs du secteur bois, gérer les forêts de demain


Perspectives & solutions, avec Gilles Koestel, Investment manager, expert de la filière bois

Les forêts, il les arpente avec passion depuis l’enfance. Gilles Koestel, Investment manager & administrateur PME chez Investsud, connaît bien les différents acteurs et a développé une expertise transversale de la filière bois. Il nous partage son enthousiasme, sa vision. Il confie ses solutions, tel le « Batch loan », pour faire face aux problématiques du secteur. Et esquisse les enjeux des forêts de demain.

 

D’où vient votre passion pour le bois ?

Cette vocation me vient de promenades en forêt que je faisais avec mes parents. Mon jardin, c’était la forêt qui était derrière notre maison de vacances. Après des études de bioingénieur spécialisé dans les eaux et forêts, je me suis intéressé à la finance et j’ai décroché une licence en sciences de gestion. Ma double formation me donne une approche à la fois technique mais aussi plus financière de la filière bois.

En tant qu’Investment manager expert du secteur bois chez Investsud, quelles sont vos forces ?

Depuis un quart de siècle, je suis au contact des entrepreneurs (exploitants, scieries, menuiseries, constructeurs de maisons en bois,…) sur tout le territoire wallon. Outre la compréhension du métier, j’ai développé, sur le long terme, une vision globale transversale et très pointue des problématiques auxquelles les acteurs du secteur bois font face, des modèles économiques en vigueur et de leurs évolutions. Cela me permet d’anticiper et d’accompagner au mieux nos partenaires.

Investsud Bois en 3 mots-clés

  1. Investsud Bois, c’est, avant tout, du Capital-risque. Nous renforçons les capitaux propres des sociétés et des PME pour leur donner plus de solidité. Ce n’est pas une banque. C’est un métier de partenaire et d’associé avec les entrepreneurs.
  2. Notre spécificité est d’apporter du smart money. Cela signifie que nous faisons bien plus que financer. Nous accompagnons nos partenaires dans leurs réflexions stratégiques et dans leur vie d’entrepreneur aux nombreux aléas. Nous leur apportons notre réseau, notre contribution, non pas dans la gestion journalière, mais dans la stratégie et dans l’appréciation du monde qui entoure l’entreprise. Une vision qui est complétée par une connaissance réelle de ce qu’est une PME, comment ça fonctionne dans ses différentes dimensions.
  3. Investsud Bois contribue au maintien et au développement d’une filière bois qui valorise des ressources locales. Soulignons au passage que la filière bois permet de structurer le tissu économique en zone rurale dans les régions forestières, notamment dans la filière de première transformation (exploitants forestiers, transporteurs, chantiers de découpe, scieurs…).

Quelles sont les spécificités d’Investsud Bois par rapport aux autres invests en Wallonie ?

Investsud Bois a une vision la plus large possible sur le plan géographique (nous travaillons sur tout le territoire wallon) et sur le plan des différents maillons de la filière bois.

En tant qu’Invest spécialisé qui évolue depuis près de 25 ans dans ce secteur avec des dizaines d’interventions dans tous types d’entreprises, nous prétendons en être un maillon à part entière, sans équivalent parmi les acteurs financiers sur le territoire. Nous connaissons les matériaux, les techniques, les outils et les enjeux de la filière. Nous parlons le même langage que les entrepreneurs du secteur.

Gilles Koestel

Pourquoi les entrepreneurs se tournent-ils vers vous ?

Les entrepreneurs nous sollicitent pour pouvoir faire face à des investissements importants et stratégiques dans le développement ou la croissance de leur entreprise.

Investsud Bois intervient lors de :

  • création d’entreprise. Nous avons, par exemple, accompagné Eclo, une startup qui vise à concevoir et produire du substrat de qualité pour des champignons xylophages, à base notamment de sciure de hêtre. Nous les avons aidés à rechercher des scieurs susceptibles de leur fournir de la matière première dans une logique d’économie circulaire.
  • transmission d’entreprise. Nous secondons une famille pour transmettre une société aux générations qui vont reprendre l’activité.
  • acquisition d’entreprise. Nous aidons soit une personne, soit une entreprise à acquérir une autre entreprise. C’est ainsi que notre partenaire Jambes machines spécialisé dans les machines à bois et l’affûtage, a récemment pu faire l’acquisition d’une société (Roger BAUWENS) pour diversifier son offre pour ses clients.

Les différents mobiles d’investissement ont cependant évolué au fil du temps. Aujourd’hui, la tendance est plutôt aux acquisitions d’entreprises et aux projets de startups avec des nouvelles générations d’entrepreneurs. Nous avons aussi plaisir à travailler avec des jeunes entrepreneurs qui reprennent les rênes d’entreprises de leurs parents que nous connaissons depuis longtemps.

Quelles solutions leur apportez-vous sur le plan financier ?

Nous répondons aux problématiques de la filière bois de 2 manières :

  • En ayant plus d’appétit pour le risque vis-à-vis de la filière bois. Nous sommes plus enclins à financer ce secteur que d’autres acteurs financiers car c’est un secteur difficile à appréhender, sensible à des phénomènes aléatoires qui peuvent être d’origine naturelle, géopolitique ou macroéconomique. Nous avons un appétit pour le risque plus important mais qui reste toujours un risque calculé. Notre approche est motivée par la nécessité d’assurer notre propre rentabilité, tout en ayant à cœur de préserver et d’amplifier un tissu économique dans le secteur du bois.
  • En proposant des produits financiers spécifiques et innovants. J’ai mis au point et expérimente actuellement le « Batch loan », un prêt spécialement dédié aux scieries wallonnes. Il permet de financer des achats de lots de bois et leur donne le temps de bien valoriser les grumes avant de rembourser leur crédit. Celui-ci est remboursé au fur et à mesure que les grumes achetées via ce crédit sont transformées et mises sur le marché. Nous comptons déployer ce produit à plus large échelle dans les prochains mois lorsque nous aurons finalisé la plateforme de gestion informatique dédiée à la traçabilité et au suivi des lots financés.

Un projet qui vous enthousiasme…

La traçabilité du bois est une question brûlante. Nous accompagnons Timbtrack, une jeune société qui vise à mettre au point un système de traçabilité depuis la forêt jusqu’à la scierie, voire même davantage. Le but est de mettre en place un « pedigree » du bois, que l’on va retrouver dans du mobilier, par exemple.

Cela suppose un ensemble d’informations qui sont collectées tout au long de cette filière de transformation, de manière tracée. C’est évidemment un enjeu majeur, notamment en lien avec les labels comme « Bois local », pour montrer que l’on gère intelligemment nos forêts et que les produits proviennent de transformateurs locaux.

Quels sont les enjeux pour les forêts demain ?

Avant, la forêt se définissait principalement par quelques fonctions qui dépendaient de la sensibilité de leur propriétaire : production de bois, chasse, récréation et conservation. Les deux dernières étant souvent localisées dans les propriétés publiques.

Les parcelles de forêt étaient le plus souvent vendues à la valeur de ce qu’elles pouvaient produire sur le plan marchand. Aujourd’hui, on valorise bien plus la forêt au travers d’un ensemble des services plus vastes qu’elle rend non pas à son seul propriétaire mais à la société tout entière, ce que l’on appelle la multifonctionnalité des forêts. En fait, on demande à la forêt de plus en plus de choses sur une même superficie.

C’est compréhensible car cela relève d’une réappropriation de ce bien commun par le citoyen mais cela peut s’avérer problématique pour le propriétaire et la filière qui en dépend car certains usages du bois supposent une certaine sylviculture qui ne semble pas toujours en adéquation avec les autres fonctionnalités attendues de la forêt aux yeux du grand public.

D’un autre côté, on ne peut pas mettre toute la forêt sous cloche si on veut pouvoir utiliser davantage de produits d’origine naturelle pour notre vie quotidienne. Importer le bois d’autres pays sous prétexte de vouloir protéger nos propres forêts cela relève du NIMBY et cela déplace le problème chez les autres. Je préfère une approche de gestion durable qui cherche à maximiser à l’échelle du territoire les différentes fonctions de la forêt. Cela pose aussi la question de la valeur que l’on accorde au matériau bois et aux ressources naturelles d’une manière générale dans une société basée sur la consommation sans limite. Le coût environnemental des produits tels que le plastique, le béton ou l’acier n’est pas assez pris en compte par le consommateur lorsqu’il compare le bois avec ces matériaux.

Trouver un juste équilibre, c’est tout l’enjeu de la forêt de demain. Quelque part, c’est une métaphore de la manière dont l’être humain doit gérer la planète aujourd’hui. Avec des arbitrages parfois délicats pour poursuivre des objectifs qui peuvent sembler contradictoires.

Vous avez un projet dans la filière du bois ? Contactez notre expert, Gilles Koestel

Envie d’en savoir plus sur Timbtrack, Eclo ou Jambes Machines ? Rendez-vous sur :