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Interview de Bertrand Magy et Max Houry, co-fondateurs d’ATB Therapeutics


Nos Smart Heroes : des histoires inspirantes qui donnent envie d’entreprendre.

La recherche fondamentale comme moyen et la fibre entrepreneuriale comme moteur. Voilà un combo qui offre une approche disruptive afin d’apporter des solutions aux patients atteints de pathologies complexes. ATB Therapeutics développe une technologie unique au monde destinée au traitement des cancers et maladies auto-immunes grâce à des anticorps armés produits en plantes. Rencontre de Bertrand Magy et Max Houry, respectivement CEO et COO d’ATB Therapeutics, pour une Odyssée dans le monde des thérapies ciblées.

Bertrand, Max, pouvez-vous revenir sur la genèse de votre aventure ?

Bertrand Magy, CEO : Je suis bioingénieur de formation. J’ai fait une thèse en production biologique en cellules de plantes à l’UC Louvain, où j’ai rencontré Max. Il suivait un cursus combiné en biologie et en création d’entreprise. On a d’abord collaboré sur un programme « first spin-off » lié à l’université, qui est un programme à visée entrepreneuriale. Même si ce projet n’a pas abouti, on a senti qu’on travaillait bien ensemble. On a décidé de continuer et de réfléchir à une application plus poussée autour de la capacité des cellules de plantes à produire des composés thérapeutiques. Il est possible de concevoir des molécules de haute qualité et très sophistiquées. C’est comme ça que nous avons pris conscience qu’il y avait potentiellement moyen d’améliorer les thérapies ciblées pour lutter contre le cancer.

Max Houry, COO : Ce qui nous a lié, c’est cette envie de transformer la science en application. J’ai rencontré Bertrand dans le cadre d’un programme qui s’appelle INEO, et qui pousse les étudiants à entrer dans une démarche entrepreneuriale. Dès le départ, c’est cette fibre entrepreneuriale qui nous a réuni. Sans oublier la volonté finale du projet qui est de traiter des gens atteints de pathologies complexes.

Vous êtes partis de zéro ?

Bertrand : Très vite, on a imaginé une approche thérapeutique innovante. En utilisant la plante, on peut produire des anticorps fusionnés à un « payload» – une charge active. L’anticorps va reconnaître la cellule malade, et le payload, accroché à cet anticorps, va tuer uniquement les cellules malades. C’est un amorçage de société assez atypique car on a démarré « from scratch », sans données ni brevet, juste avec une idée et une vision. Ce genre de départ est très rare dans la biotech. On cherchait des fonds pour développer le projet et c’est dans cette phase qu’Investsud a joué un rôle déterminant.

Quel a été le rôle d’Investsud à ce moment-là ?

Bertrand : Investsud a été l’un des premiers à croire en nous. A l’époque, on a rencontré Pierre Detrixhe, et surtout Dominique Delacroix, alors Président du Comité Scientifique. Très vite, ils nous ont soutenu et challengé.

Quelle est votre méthodologie de travail ?

Bertrand : On a passé beaucoup de temps dans des congrès à essayer de comprendre toutes les problématiques liées à la thérapeutique ciblée des cancers. On constatait qu’il y avait déjà eu des milliards investis et plus de 20 ans de recherches. On se disait qu’il y avait moyen de faire mieux. On a développé une logique « kill fast » qui nous a permis de vérifier si notre idée tenait la route, sans quoi on l’abandonnerait. Cela a toujours été notre vision des choses, et celle d’Investsud aussi.

Une vision qui fonctionne par étape de validation-invalidation aussi au niveau du financement?

Bertrand : Pour donner un exemple, en terme de cash, on voulait faire quelques tests et on avait établi un budget au rabais pour louer quelques mètres carré de labo. On avait besoin de 310.000 € à l’époque. Investsud nous a poussé à structurer un plan en deux tranches, et nous sommes partis sur un montant doublé pour faire une phase de « go/no go ». Ils nous ont aidé à anticiper les besoins financiers pour éviter les difficultés. Ils ont apporté les réflexes entrepreneuriaux que nous n’avions pas à l’époque. Ils nous ont aussi aidé à trouver d’autres partenaires financiers.

Max : Investsud nous a donné une vision à long terme alors que notre projet n’était qu’à l’état « intellectuel », il n’y avait encore rien de concret. Il a joué un grand rôle dans nos périodes critiques et d’épuisement financier. Ils ont été là pour faire les « ponts financiers ». Sans eux, on n’aurait pas pu tenir jusqu’à notre levée de série A.

Comment exprimeriez-vous la mission d’ATB ?

Bertrand : Notre mission c’est d’apporter des solutions thérapeutiques ultra ciblées à des patients atteints de maladies graves à l’aide de « payload ».

Max : Ce « payload » – élément qui va avoir l’action finale à un endroit désiré – détruit uniquement la cellule ciblée. Il faut amener ces charges actives au bon endroit au bon moment. Si on fait la comparaison, la chimiothérapie est aussi une charge active, mais c’est une charge active libre. Quand on reçoit un traitement avec de la chimiothérapie, elle va partout et détruit aussi bien les cellules cancéreuses que les cellules saines. La mission d’ATB, c’est de pouvoir aider des patients en délivrant la charge active uniquement dans les cellules cancéreuses, de façon ultra spécifique et efficace.

C’est bien plus précis que la chimiothérapie. Et nos charges actives, nous sommes les seuls au monde à pouvoir les produire grâce à la plante. C’est ce qui rend notre approche si disruptive.

Quel rôle joue votre plateforme ATBioPharm dans ces solutions ciblées ?

Bertrand : Grâce à notre technologie basée sur l’utilisation de la plante, on peut armer un anticorps avec une charge active en une seule étape. Actuellement nous sommes en train de créer un portefeuille de charges actives. Chacune de ces charges actives peut être ajoutée à un anticorps différent. Elles pourront être utilisées dans une série d’aires thérapeutiques différentes : maladie auto-immunes, cancers solides, et autres maladies qui pourraient faire l’objet de développements dans le futur.

Quelle est votre différenciation dans l’approche thérapeutique ?

Max : La molécule que l’on développe est vraiment unique, et son mécanisme d’action aussi. C’est ce qui a généré l’intérêt notamment du bras financier d’un grand industriel pharma qui est Merck. L’intérêt d’ATB est véritablement d’apporter une modalité thérapeutique différente, avec un angle d’attaque différent.

Cette série A, cette levée de fonds de 54M€, que représente-elle pour vous ?

Bertrand : Cela va nous permettre de passer du « R » de recherche au « D » de développement. Cette levée de fonds va nous permettre de financer les premières études cliniques. Concrètement, on a 4 piliers de développement.

Le premier pilier c’est le développement d’un produit pour les cancers sanguins de type lymphome non hodgkinien.

Le deuxième, c’est un programme dans l’auto-immunité. En ciblant les lymphocytes B qui sont responsables de la génération d’anticorps anti-soi à l’origine de maladies auto-immunes, il est possible de bloquer la maladie, et même de resubstituer le répertoire de ces lymphocytes B.

Le troisième pilier concerne le développement de la plateforme ATBioPharm. Aujourd’hui chez ATB on teste des combinaisons d’anticorps et de charges actives pour essayer d’optimiser et d’en trouver des meilleures. On en crible des petites dizaines. L’objectif est de passer à des centaines pour augmenter notre capacité de recherche et de développement de charges actives plus puissantes, plus sécuritaires, plus actives et qui ont une meilleure distribution.

Le dernier point, c’est le pilot plant. Nous devons maitriser notre propre capacité de production sans dépendre de partenaires. Dans 3 ou 4 ans, on espère avoir une unité qui nous permettra de faire des premiers lots qui pourraient être utilisés en clinique.

Quels défis avez-vous dû surmonter dans cette levée de fonds ?

Bertrand : Quand on a débuté cette levée de fonds il y a 2 ans et demi, ce n’était pas la meilleure fenêtre. Les marchés boursiers n’étaient pas bien orientés, les conflits armés ont commencé. Les valorisations ont chuté de manière très significative, surtout en biotech post-covid. Les investisseurs sont devenus plus prudents. C’était un des challenges liés à la situation géopolitique, et pas spécifiquement à ATB.

Max : Le covid a eu pour conséquence de bloquer pas mal de société dans leur développement clinique. La recherche clinique s’est arrêtée parce que les hôpitaux étaient débordés et focalisés sur d’autres priorités. De nombreuses sociétés en phase clinique ont dû être refinancées par des investisseurs qui n’avaient pas anticipé cette situation. Tous ces facteurs combinés ont contribué à un marché hyper fermé.

Bertrand : Nous avons rencontré des investisseurs qui prenaient moins de risque dans des projets trop innovants ou trop différenciants. Chez ATB on était à l’opposé de tout cela. On apporte quelque chose de très innovant, avec des plantes… la technologie elle-même ne facilitait pas notre tâche. On devait expliquer la technologie via la plante et comment on allait amener ça sur le marché alors qu’il n’y a aucun pharma qui l’utilise aujourd’hui. Mais notre « défaveur » constituait aussi notre gros avantage. Si on évite de positionner la technologie en premier mais plutôt les datas qu’on arrive à générer avec ces nouvelles charges actives que nous sommes les seuls à pouvoir produire grâce aux plantes, là ça change la situation. On peut expliquer en quoi la plante est un véritable « Game changer ».

Et les facteurs de réussite ?

Max : Durant les discussions avec les investisseurs nous avons dû faire face à des challenges scientifiques que nous avons réussi à surmonter. Et je pense que le gain de crédibilité qu’on a eu pendant cette période-là a été un des facteurs favorables. Et puis c’était une question de personne aussi. Il y a eu les bonnes personnes autour de la table, dans un climat de confiance. Il faut qu’il y ait un investisseur qui porte un peu le poids de la responsabilité de la levée de fonds, ce qu’on appelle le « lead investor », qui va agglomérer autour de lui des plus petits porteurs, qui ensemble vont permettre de compléter le tour.

Comment décririez-vous le rôle d’Investsud dans le parcours d’ATB ?

Max : Dans le cas d’ATB, le rôle d’Investsud a été de faire émerger le projet dans une phase très précoce, de manière à développer une science qui permette d’attirer des investisseurs et des industriels pharmas. Ils ont eu un rôle aussi important que celui de « lead investor » aujourd’hui. C’est-à-dire de dynamiser et porter l’investissement et l’engagement financier auprès de la société et avec les autres partenaires. Ils ont créé l’effervescence et une dynamique autour du projet. Ils ont eu un rôle de lead dès le début d’ATB, c’est eux qui ont mis en route pas mal de choses.

Bertrand : Et à nouveau juste avant la levée de fonds. Cela a été très compliqué de réussir cette levée, cela a pris énormément de temps et nous sommes arrivés au bout de nos capacités. Nous avons eu besoin d’un deuxième puis d’un troisième financement intermédiaire, puis encore d’un prêt supplémentaire durant les dernières semaines avant la transaction. C’est Investsud qui l’a fait jusqu’au bout. Ils ont fait en sorte que la société dispose des moyens financiers afin de tenir jusqu’à la réussite de la transaction. Ils ont décidé de prendre ce risque. Ils ont eu un rôle critique et central dans la réussite de la levée de série A.

Une ambition pour ATB après cette levée de fonds ?

Max : Traduire les développements scientifiques qu’on a réalisé en une approche thérapeutique concrète pour le patient. C’est notre challenge maintenant. Nous sommes à un moment charnière.

Je crois que vous avez une anecdote à nous partager… une histoire de rendez-vous manqué ?

Bertrand : Lors du Biowin Day, nous avions rendez-vous avec Pierre Detrixhe qui nous avait posé un lapin. Il n’était pas venu au speed-dating. C’est Max qui l’a attrapé au bar à café.

Max : Oui. Je lui ai dit « vous m’avez posé un lapin ». Il était assez embêté. Sans cette rencontre avec Pierre Detrixhe, le projet d’ATB aurait peut-être pris une autre trajectoire. Et puis tout s’est enchaîné, on a rencontré Investsud et le comité scientifique. On s’est installé à Marche car on avait besoin d’un labo pour faire notre phase de « killing fast », et on pouvait le faire à Aye où il y avait des labos équipés et disponibles à la location. On pouvait débuter nos manipulations très rapidement.

Pour terminer, auriez-vous un conseil à donner aux futurs entrepreneurs ?

Bertrand : Courrez loin ! (rire). Sérieusement, il faut être conscient du risque. Il faut accepter que le risque d’échec est plus grand que le potentiel de réussite. Mais il n’y a pas de meilleure formation.

Max : Il faut oser. Et le faire avec les bonnes personnes.

 

 

Si ATB est aujourd’hui une des biotechs les plus prometteuses de Belgique, c’est parce que ses fondateurs ont choisi de sauter dans l’inconnu, avec audace, persévérance et une vision entrepreneuriale forte. Découvrez ATB Therapeutics.

 

Chez Investsud, nous sommes amplificateurs d’ambitions. Nous soutenons les entrepreneurs qui ont des projets innovants en leur leur offrant les ressources nécessaires pour réussir. Contactez-nous pour parler de votre projet.